La chute des prix du gaz naturel a poussé la société espagnole Naturgy, principal importateur de gaz via les gazoducs, à demander à la société publique algérienne Sonatrach, la plus importante société d’État du pays africain, une négociation à la baisse des prix décidée il y a plusieurs années.
La crise de la covid-19 a eu un impact total sur l’économie algérienne, un pays de près de 50 millions d’habitants, avec un système de santé considéré comme le pire du secteur et avec pratiquement aucun tissu industriel et une agriculture inexistante. C’est le neuvième producteur de gaz au monde, selon « Sonatrach » qui représente plus de 95% de ses exportations. Aux difficultés du pays face aux révoltes populaires et à la chute des prix du gaz s’ajoute sur le plan international deux affaires de corruption touchant la plus importante entreprise publique du pays. La première pour l’acquisition d’une raffinerie italienne « augusta » par le biais de pots-de-vin et la seconde pour la vente de gaz adulte au Liban.
« Nous sommes dans une situation qui est vraiment difficile parce que le marché pétrolier s’est effondré depuis 2014, mais aussi par le Covid-19. Dans le secteur des hydrocarbures, cette année, nous nous attendions à faire 23 milliards de dollars contre environ 33 milliards de dollars l’an dernier, une différence remarquable », a déclaré le ministre de l’Énergie Abdelmadjid Attar cette semaine. L’Espagne a réduit ses importations en provenance d’Algérie au profit des États-Unis ; et pour l’Algérie, c’était un coup dur.
Le pipeline qui traverse le Maroc a été rebaptisé « le pipeline Pere Duran Farell». Cet industriel catalan a été l’un des moteurs de Gas Natural, qu’il présidait dans les années 1990, et promoteur du Maghreb-Europe qui porte aujourd’hui aussi son nom. C’est l’autre façon de faire entrer le gaz algérien en Espagne. En 2021, le Royaume du Maroc a dû relancer ses appels d’offres pour la concession du gazoduc maghrébin, Naturgy et Enagas s’étaient montrés intéressés, mais ont par la suite fait d’autres investissements internationaux, ce qui pourrait poser des difficultés au voisin algérien dans l’exploitation de cette infrastructure.
Naturgy et Sonatrach sont des partenaires précisément en raison d’un conflit commercial inverse dans le passé. Les prix mondiaux élevés du gaz ont ensuite suscité une plainte de Sonatrach, qui souhaitait augmenter le prix des contrats à long terme. Il est allé jusqu’à l’arbitrage juridique et a gagné, et comme moyen de paiement a obtenu des actions du gaz naturel de l’époque, dont il en détient encore aujourd’hui.
